Quels matériaux durables et fiables pour les logements de demain ?

Savez-vous quelle est la ressource la plus consommée au monde après l’eau ? C’est le sable ! Et même si la planète en compterait 7,5 trillions selon l’étude d’un professeur de physique hawaïen contre 200 millions de milliards d’après un chercheur français… cette matière n’est pas inépuisable. Pourtant il en faut pour construire du béton, du mortier, du verre ou encore de la céramique… C’est pourquoi les pistes de réflexion pour trouver des matériaux de substitution durables sont nombreuses, influencées par les jeunes designers qui innovent en matière d’’architecture intérieure et de décoration. Mais sont-elles vraiment écologiques et efficaces à envisager dans la construction ? Voici quelques éléments de réponse.

Ressources vers le futur, quelles sont les pistes pour remplacer ou compléter le béton ?

L’industrie du BTP représente jusqu’à 40% de la consommation énergétique dans le monde. Au centre de secteur, le béton étant le matériau le plus utilisé dans la construction. Mais l’impact environnemental de sa version classique est pointé du doigt. C’est pourquoi il fait déjà l’objet d’évolutions, avec notamment le béton cellulaire, le béton centenaire ou le papier béton. Pour le remplacer, une des pistes les plus prometteuses mène vers les fibres comme le graphène, à la fois solide et léger qui peut être combinée au béton. Tout comme l’acier à mémoire de forme qui peut renforcer ce dernier.

Les matières recyclées, comme les briques en verre, sont également un exemple qui peut trouver des applications en matière d'isolation. Les plastiques recyclés et biosourcés comme le polyéthylène pourraient quant à eux servir à la construction de structures durables. Citons aussi les métaux recyclés tels que l’acier ou l’aluminium, très résistants à la chaleur et aux chocs.

Les nanomatériaux (nannobilles, nano-argent, nanodioxydes, nanoparticules) figurent aussi parmi les matériaux du futur, montrant notamment des qualités antifongicides. 

Quelles sont les ressources naturelles de substitution aux matériaux de construction et d’isolation ?

Déjà présentes dans la construction, les fibres naturelles comme le lin, la paille, le bambou, la fibre de coco ou encore la laine de bois et celle de chanvre sont plus écologiques que la laine de verre. C’est pourquoi elles sont couramment utilisées. Le bois recyclé et les produits à base de liège ont quant à eux un énorme potentiel de recyclage et donc un moindre impact écologique. La terre offre de son côté un bon stockage thermique, en témoignent les constructions en pisé dans les zones désertiques. Des déblais de terre et de roche habituellement jetés vont d’ailleurs servir à la construction des gares du Grand Paris d’ici à 2030. Voilà qui devrait inspirer les architectes de demain !

Plus surprenantes en revanche, certaines ressources naturelles offrent quand même de belles perspectives au niveau de l'isolation thermique ou acoustique. C’est par exemple le cas des champignons et particulièrement sa racine (le mycélium) qui constituent des déchets organiques très durables, propices à la fabrication de matériaux isolants. Les algues sont par ailleurs étudiées de près et trouvent déjà leur place dans le mobilier contemporain et le design prospectif. Cloisons et objets 3D sont aussi à l’essai. Ces derniers sont aussi au cœur de la révolution des matériaux de construction !

Dernière surprise en la matière, les panneaux de pomme de terre ! Purée, certains ont de bonnes idées… Car les restes de patates sont à la fois durables, résistants aux intempéries et bons isolants !

De manière générale, les matériaux biocomposites formés à base d’espèces végétales ou de dérivés, fongiques ou animales offrent des voies vers les constructions durables. Que dire des cuirs végétaux, d'ananas et de pomme. C’est cette voie que Tesla a choisie pour confectionner des sièges de voitures. Et elle arrive dans le monde du mobilier !

Ces néo-matériaux sont-ils écologiques, efficaces et fiables ?

Premier point à souligner, les ressources naturelles sont par définition prélevées… dans la nature ! Encore une fois, on est certes dans le durable, mais il faut tenir compte des conditions d’extraction et de transport, comme de leur capacité à se régénérer. Pour certaines, comme le bambou, la durabilité ne fait aucun doute : son taux d’auto-régénérescence est très rapide ! Les algues, qui ont tendance à proliférer, ce critère semble également être coché. Mais ce n’est pas toujours le cas.

Pour les autres matériaux de substitution, il convient, pour se positionner concernant leur impact environnemental, d’étudier leur consommation de matière première et d’énergie, les coûts de transport et les possibilités de recyclage.

En parallèle, se pose la question des véritables performances thermiques des solutions de construction innovantes. À ce sujet, prenons les exemples de la laine de chanvre, de la paille et du bambou. Si on les compare au polystyrène, il sont certes plus écologiques, mais montrent de moins bonnes performances thermiques. Il y a donc débat sur le plan de la déperdition énergétique. Et pour ce qui est de leur usure et de leur efficacité sur le long terme, il est difficile de tirer des conclusions définitives dans la mesure où les développements sont relativement récents.

Enfin, sur les données relatives à la sécurité, des questions sont encore à résoudre, notamment concernant la réaction au feu. Certaines innovations sont ainsi cantonnées au mobilier, aux revêtements muraux ou, au mieux, au second œuvre, car les procédures de test sont longues, contraignantes et coûteuses. Voilà qui soulève une autre matière à discussion : le prix de ces progrès !

À titre d’exemple, un panneau fabriqué avec du plastique recyclé est actuellement proposé à 150 € HT/m², un tarif prohibitif pour le grand public.

Vous l’aurez compris, il reste des doutes à lever, mais ces matériaux innovants et durables comptent de nombreux avantages, tant dans la construction que dans l'isolation des logements. Néo-matériaux et construction éco-responsable, ces thèmes sont dans l’air du temps et compterons dans l’amélioration des performances énergétiques !