Couper les ponts thermiques : mission impossible ?

À l’approche du mois de mai, on a tendance à se réjouir des ponts… Mais en matière de confort thermique, il en va autrement. À l’origine de 5 à 40 % des pertes de chaleur dans un bâtiment, selon leur gravité, les ponts thermiques sont des adversaires à abattre d’urgence pour faire des économies ! Alors tels des espions de l'isolation, votre mission, à supposer que vous l'acceptiez, consiste à éliminer ces ennemis de vos factures d’énergie ! Repérage, techniques d'éradication, on vous donne quelques pistes d’actions…

Où et comment se cachent donc les ponts thermiques ?

Les ponts thermiques sont de véritables passages secrets par lesquels la chaleur s'échappe, des zones où l’isolation est compromise. Ces ponts se produisent généralement aux points de connexion entre les différents matériaux de construction. Coins des murs, jonctions entre les murs, sols, plafonds, contour des fenêtres et des portes… Ils peuvent être un peu partout ! Souvent en cause, la construction d’origine défaillante, la qualité ou le vieillissement des différents matériaux utilisés. Il existe en réalité, différents profils de ponts thermiques. Selon leur emplacement et leur forme, on peut tirer trois portraits-robots de ponts thermiques :

• les linéaires ou 2D, on parle aussi de ponts thermiques des liaisons ;

Le défaut d’isolation est localisé à la jonction de deux parois, au niveau des planchers (hauts et bas), des refends, des ouvertures (portes extérieures, fenêtres, balcons). Les ponts linéaires provoquent d’importantes pertes de chaleur, déterminées par un coefficient de transmission linéique calculé en W/(m.k.) ; 

• les ponctuels ou 3D sont causés par la pénétration de matériaux à conductivité thermique différente, dans l’enveloppe du bâtiment. Ces ponts dits 3D supposent trois matériaux différents qui se rencontrent. Par exemple, à la jonction du plancher avec deux murs, au long  de barreaux métalliques qui fixent des panneaux de laine de verre à un mur. Ce facteur de déperdition se calcule en W/K ; 
• les structurels : Ils sont dus à un problème de technique d’installation d’un isolant, comme  une accroche défectueuse (collage, vissage, etc.) qui laisse échapper la chaleur par des fuites énergétiques. Pour le calcul, il faut se référer au coefficient de déperditions surfaciques en W/(m².K).

Quels sont les méfaits des ponts thermiques ?

Ce que l’on reproche à ces malfaiteurs thermiques se décline en trois volets. 

D’abord, le confort et la santé. Si vous êtes concerné, certaines zones de votre logement sont peut-être trop chaudes en été et trop froides en hiver. Résultat, un manque de confort certain pour tous les membres du foyer. Vous avez déjà regardé un film en doudoune ? Il faut aussi être vigilant aux apparitions de moisissures dues à un taux d’humidité trop élevé pouvant être à l’origine de problèmes respiratoires ou d’allergies. Le coupable ? Encore le pont thermique !

Vous le voyez venir, le deuxième impact négatif concerne, sans surprise, le montant des factures. Les ponts thermiques sont en effet responsables de près de 40 % des fuites de chaleur. Et qui dit fuite de chaleur, dit davantage de chauffage en hiver. À l’inverse, vive la climatisation ou/et le ventilo quand les grosses chaleurs d’été plombent l’air ambiant. En France, la facture de chauffage annuelle s'élève en moyenne à environ 900 euros, les pertes financières se chiffrent ainsi en centaines d'euros sur une année.

Enfin, une sur-utilisation du chauffage engendre forcément une hausse des émissions de CO2. Et c’est la planète qui trinque !

Comment détecter et éliminer un pont thermique ?

Ces saboteurs de chaleur ne sont pas visibles à l'œil nu, quoique, nous l’avons vu, moisissures et autres tâches d’humidité peuvent déjà vous mettre la puce à l’oreille. Aussi, si lorsque vous touchez un mur, vous sentez une zone plus froide ou un courant d’air, il s’agit très certainement d’un pont thermique. Pour confirmer votre auto-diagnostic, il faudra faire appel à un professionnel. Celui-ci effectuera une étude thermique poussée à l’aide de gadgets comme des caméras ou des simulateurs thermiques, afin de détecter les fuites d’énergie et estimer les coûts en déperdition énergétique.

À noter pour vos projets de construction : il est tout à fait possible de détecter et donc, de corriger par anticipation, des ponts thermiques depuis les plans d’un bâtiment avant même sa construction.

Une fois les ponts thermiques démasqués, il convient de trouver les bons moyens d’y remédier, parmi différentes méthodes. 

Citons les plus génériques, à savoir l’isolation par l’intérieur (ITI), la plus économique, et l’isolation par l’extérieur (ITE), la plus efficace. Cette dernière, qui consiste à cumuler plusieurs couches isolantes (enduit de marouflage, treillis d’armature, enduit de finition) est donc à privilégier. En bonus, elle ne grignote pas sur l’espace intérieur. Elle offre également une protection supplémentaire contre les intempéries et prolonge la durabilité des murs. 

Puis viennent l’isolation du sol, celle des fondations, le classique remplacement des fenêtres. Enfin, il existe des solutions comme les rupteurs de pont thermique (qui réduisent les transferts de chaleur) ou encore les  planelles isolantes… 

Vous l’aurez compris, en identifiant leurs points faibles, les ponts thermiques ne s’auto-détruiront pas, mais il existe des solutions appropriées, très efficaces pour lutter contre les pertes de chaleur, pour améliorer votre confort intérieur et réaliser de belles économies d'énergie.