Rénovation énergétique : un triplement spectaculaire des chantiers d’ampleur au premier trimestre 2025
Le premier trimestre 2025 marque un tournant décisif dans la transition énergétique française avec un triplement des rénovations énergétiques d'ampleur par rapport à la même période de l'année précédente. Selon les données publiées par l'Agence nationale de l'habitat (Anah), 17 178 logements ont bénéficié d'une rénovation complète entre janvier et mars 2025, contre seulement 5 700 un an plus tôt. Cette accélération sans précédent témoigne d'une appropriation croissante du dispositif MaPrimeRénov' par les ménages français et souligne la détermination de l'État à atteindre ses objectifs climatiques en matière de performance énergétique des bâtiments.

Un bond significatif des projets globaux de rénovation
L'augmentation des rénovations énergétiques au premier trimestre 2025 s'inscrit dans une dynamique déjà bien enclenchée fin 2024. Au dernier trimestre de l'année précédente, 48 629 logements avaient déjà bénéficié d'aides pour des rénovations d'ampleur, portant le total annuel à 91 374 rénovations. Ces travaux d'envergure permettent aux logements de gagner plusieurs étiquettes au diagnostic de performance énergétique (DPE), contribuant ainsi significativement aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Les chiffres du début 2025 confirment cette tendance avec 33 222 demandes d'aides déposées pour des projets de rénovation énergétique, soit trois fois plus qu'au premier trimestre 2024 où seulement 11 000 demandes avaient été enregistrées. Cette hausse spectaculaire reflète une prise de conscience collective de l'importance de la rénovation énergétique pour lutter contre le changement climatique et réduire les factures d'énergie.
Une transition des rénovations par geste vers des projets globaux
Parallèlement à cette hausse des rénovations d'ampleur, on observe une diminution notable des rénovations dites "par geste". Ces travaux ponctuels comme le changement de chauffage ou l'isolation thermique des fenêtres ont concerné 46 331 logements au premier trimestre 2025, un chiffre en baisse d'un tiers par rapport à début 2024. Cette évolution marque un transfert significatif des ménages vers des projets de rénovation plus complets et ambitieux.
Ce transfert des rénovations par geste vers des projets globaux s'explique notamment par une meilleure compréhension des avantages économiques et écologiques des rénovations complètes. En effet, l'Anah précise que près de 80% des rénovations d'ampleur concernent des logements classés F ou G au DPE, les plus énergivores et visés par des obligations de travaux à l'horizon 2028. Les propriétaires de ces "passoires thermiques" semblent désormais privilégier des travaux qui permettent d'améliorer significativement la performance énergétique de leur logement.
Un financement conséquent qui met l'État sous pression budgétaire
L'augmentation des demandes d'aides pour la rénovation énergétique se traduit par un effort financier considérable pour l'État français. Chaque rénovation d'ampleur a été financée à hauteur moyenne de 41 201 euros, ce qui représente un total de 700 millions d'euros d'aides publiques distribuées pour le seul premier trimestre 2025.
Cette réussite quantitative met cependant l'État sous pression budgétaire. Le budget alloué à MaPrimeRénov' pour l'année 2025, déjà considéré comme insuffisant par certains experts, risque d'être rapidement dépassé face à l'afflux des demandes. Jacques Baudrier, adjoint à la mairie de Paris en charge du logement, alerte sur un manque potentiel de "au moins deux milliards d'euros" pour financer l'ensemble des projets de rénovation énergétique prévus cette année.
Des solutions pour pérenniser le financement des rénovations
Pour éviter une rupture brutale dans la dynamique actuelle des rénovations énergétiques, plusieurs pistes de financement sont envisagées. L'État pourrait notamment recourir davantage aux certificats d'économies d'énergie (CEE), un dispositif qui oblige les fournisseurs d'énergie à financer des travaux de performance énergétique.
Cependant, certains acteurs du secteur plaident pour des sources de financement plus pérennes et indépendantes du budget de l'État. Jacques Baudrier propose par exemple de mobiliser d'autres outils fiscaux, comme la taxe sur les bureaux, afin de garantir un financement stable sur le long terme. Sans une solution durable, la dynamique positive observée en ce début d'année 2025 pourrait être compromise.
Vers une amélioration du dispositif MaPrimeRénov'
Face à l'emballement des demandes, le gouvernement travaille également à l'amélioration du dispositif MaPrimeRénov'. La ministre du Logement, Valérie Létard, a souligné dans un communiqué que le maintien des règles en 2025 a permis d'atteindre cette "réussite quantitative". Elle souhaite désormais travailler à une deuxième phase qui visera la simplification et la sécurisation du dispositif.
Parmi les axes d'amélioration évoqués figurent notamment la réduction des délais d'instruction des dossiers et le renforcement de la lutte contre les fraudes. Ces mesures devraient permettre d'optimiser l'efficacité du dispositif et de garantir que les aides bénéficient réellement aux ménages qui en ont besoin pour entreprendre leurs travaux de rénovation énergétique.
L'enjeu pour les mois à venir sera donc de maintenir cette dynamique exceptionnelle tout en assurant la soutenabilité financière du dispositif, condition indispensable à l'atteinte des objectifs climatiques fixés par la France.